𝗦𝗽𝗶𝗹𝗹 𝗚𝗼𝗹𝗱

𝘚𝘱𝘢𝘤𝘦 𝘙𝘰𝘤𝘬 – 𝘈𝘮𝘴𝘵𝘦𝘳𝘥𝘢𝘮

Voici un joyau caché au coeur du royaume néerlandais : le duo composé de Nina de Jong et Rosa Ronsdorf, qui a commencé son exploration cosmique depuis 2017 mais semble avoir déjà largement rattrapé Voyager 2 lancée 40 ans plus tôt.

En seulement un ep, un album et un nouveau à paraitre le 17 mai, elles semblent déjà avoir parcouru et fait la synthèse de plusieurs univers, du psychédélisme analogique et granuleux de Silver Apples, aux sortilèges mélodiques sinueux de Warpaint et passant par les meilleures musiques à pulsations électroniques récoltées dans tous les bras spiraux de la Voie lactée.

Contrairement à la fameuse plaque dorée de la sonde Pioneer avec ce couple d’humains nus où c’est l’homme qui salue pendant que la femme au sexe absent reste passive à ses côtés, Spill Gold déploie un propos s’émancipant du patriarcat et de l’anthropocentrisme, porté par les vagues organiques et les échanges thermodynamiques du duo, entre la nuit et le jour, ce monde et un autre, le rêve et la transe.

https://teenagemenopause.bandcamp.com/album/zaza

Crédit Anneliese Verhelst

𝗛𝗲𝗶𝗺𝗮𝘁

𝘗𝘰𝘴𝘵-𝘸𝘢𝘷𝘦 – 𝘎𝘳𝘢𝘯𝘥𝘦 𝘛𝘳𝘪𝘱𝘭𝘦 𝘈𝘭𝘭𝘪𝘢𝘯𝘤𝘦 𝘪𝘯𝘵𝘦𝘳𝘯𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯𝘢𝘭𝘦 𝘥𝘦 𝘭’𝘌𝘴𝘵

Cette année encore, il semblerait que cela devienne un impératif du festival, on accueille une représentante de la Grande Triple Alliance internationale de l’Est en la présence d’Armelle, qui déjà jouait sur la grande scène l’an dernier au sein de cette hydre incendiaire et claudicante qu’est Badaboum.

Cette fois elle est en duo avec Olivier Demeaux, autrefois affairé aux synthés et boites à rythmes au sein des vétérans de Cheveu, qui ici nourrit ses machines d’un broyat de samples tirés d’une large collection de musiques traditionnelles. Avec le chant en allemand d’Armelle, Heimat est une formule aussi désarçonnante qu’accueillante, comme si le “heimat” allemant, qu’on ne peut traduire en un mot et qui serait le pays sans drapeau que chacun porte en soi, rencontrait “l’unheimlich”, l’inquiétante étrangeté chère à la littérature romantique.

Ce concert sera le fruit d’un partenariat avec l’association Projet Morse, portée par Alexandrine et Baptiste, duo bergeracois qui se consacre à rendre l’écoute bouillonnante et à nous faire découvrir des mondes sonores par des chemins de traverse.

https://meineheimat.bandcamp.com

𝗦𝗮𝗰𝗿𝗶𝗳𝗶𝗰𝗶𝗮𝗹 𝗖𝗵𝗮𝗻𝘁𝗶𝗻𝗴 𝗠𝗼𝗼𝗱

𝘷𝘪𝘳𝘶𝘴 𝘱𝘴𝘺𝘤𝘩𝘦́ – 𝘙𝘰𝘵𝘵𝘦𝘳𝘥𝘢𝘮

En parcourant la programmation de la 14ème édition du vénérable festival The Song of Young Holland, on découvre ce groupe au nom intrigant. Non, ce n’est pas Lisa Gerrard et ses envolées incantatoires dans un mash-up du “Sacrifice de poulets” des Ministère Amer.

Ce projet de 5 personnes est en fait le fruit d’une riche relation épistolaire entre deux néerlandaises, Alicia Breton Ferrer et Doortje Hiddema, durant la pandémie.

Loin d’être des inconnues aux Pays-Bas, après une décennie d’écriture et d’enregistrements, elles apparaissent individuellement dans moult formations, posées sur des polders dans des eaux où croisent noise-rock et post-punk.

Le groupe dont il s’agit ici évolue dans un livre dont une légère brise égrène les pages. Mélange entre scansions et choeurs, les nappes vocales se confondent avec les instruments. La guitare prend de l’ampleur, les lignes de basse se tendent, la batterie n’oublie pas de marteler. Et là, le frisson vient.

Il y a un paradoxe étonnant entre le calme olympien du jeu et la formidable montée émotionnelle qui se produit.

On se risquerait presque à faire un parallèle avec celle que l’on ressent lors d’un concert des non moins rotterdamois Lewsberg.

https://sacrificialchantingmood.bandcamp.com/…/sacrific…

Crédit Michèle Margot

𝗦𝗼𝗹 𝗛𝗲𝘀𝘀

𝘍𝘰𝘭𝘬 𝘍𝘢𝘯𝘵𝘰̂𝘮𝘦 – 𝘉𝘰𝘳𝘥𝘦𝘢𝘶𝘹

On s’était un peu trop avancé en disant que Jessica 93 était le seul artiste de la programmation couronné d’une page wikipédia à son nom, car Sol Hess, le bougre, nous fait mentir.

Il faut dire qu’on a là un artisan de la création jonglant avec de multiples casquettes au gré des inspirations, entre l’écriture de scénario de bande dessinée, la fièvre sur scène et en studio dans une généreuse flopée de groupes bordelais dont Sweat like an Ape pour n’en citer qu’un des plus moites et dansants, les collaborations avec le spectacle vivant, et le lancement de son propre label au nom qui garantit un référencement optimal sur Google : Club Teckel.

Ici en solo, équipé de sa voix et d’une guitare classique, Sol nous offre sur son second album une mise en musique intimiste d’un spleen lumineux tiré des sensations les plus fugaces et insaisissables, lovées dans les silences entre les notes et les souffles entre les mots, avec une délicatesse telle qu’elle pourrait faire éclore une fleur sur la marée brune des élections européennes à venir.

On reçoit cette année Sol sur une nouvelle scène au sein du village, qui on l’espère siéra à sa musique comme un écrin de verdure.

https://solhess.bandcamp.com/…/waiting-for-the-cricket…

Crédit Laureline Mattiussi

𝗗𝗮𝗺𝘀𝘁𝗿𝗮𝗱

𝘋𝘢𝘯𝘤𝘦𝘧𝘭𝘰𝘰𝘳 𝘢𝘯𝘢𝘭𝘰𝘨𝘪𝘲𝘶𝘦 – 𝘉𝘰𝘳𝘥𝘦𝘢𝘶𝘹

À Lisle Sauvage on a un faible pour les duos mixtes, on en programme plein. Les mauvaises langues diront que c’est parce que c’est plus facile de les nourrir et loger qu’une troupe comme Year of no Light, alors que c’est bien sûr pour la fraîcheur de la formule et la nécessaire complicité entre les deux membres, voyons.

Damstrad baigne dans la musique électronique depuis une époque où Tom de Myspace devenait tout juste votre ami, et trouve toujours son inspiration entouré de son bestiaire analogique, s’ancrant dans la lutherie électronique du XXème siècle tout en la nourrissant sans cesse de nouvelles couleurs, de la techno UK à la baile funk, avec une aisance et une humilité désarmantes.

Pour l’anecdote, sachez que Samantha et Damien ont préféré louer leur propre mobil-home au camping municipal plutôt que de profiter du logement prévu pour les artistes, et rien que pour ça vous pourrez leur offrir des verres et leur faire honneur sur le dancefloor du vendredi soir !

https://damstrad.bandcamp.com/album/latch-off-ep

𝗙𝗿𝗮𝗻𝗰𝗼𝗶𝘀 𝗗𝘂𝗺𝗲𝗮𝘂𝘅

𝘌𝘭𝘦𝘤𝘵𝘳𝘰𝘢𝘤𝘰𝘶𝘴𝘵𝘪𝘲𝘶𝘦 𝘰𝘤𝘤𝘪𝘵𝘢𝘯𝘦/𝘵𝘳𝘢𝘥𝘪𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘰𝘳𝘢𝘭𝘦 – 𝘊𝘶𝘻𝘰𝘳𝘯

François Dumeaux est un des 849 habitants (chiffre du recensement de 2021) de Cuzorn, village du Lot-et-Garonne. Ancrant toutes les facettes de sa pratique dans ce territoire, il se met à son écoute avec ses micros, le met en musique, y collecte ses chants et ses racines toponymiques, y enregistre des musiciens.nes dans une grange, une église ou un pré pourvu que la tradition y sonne bien vivante, ou les reçoit dans son studio Tyto Alba, nommé ainsi en hommage à la chouette effraie qui hante les forêts recouvrant la région.

Tout à la fois compositeur et improvisateur, enseignant et curieux de tout comme l’élève, il crée, outre sa musique, des pièces radiophoniques, des bandes-sons pour le théâtre ou le cinéma, affûtant toujours sa sensibilité au fil des rencontres.

Pour Lisle Sauvage, François jouera dans le lavoir devant un public les pieds dans l’eau, mêlant les remous de la source à l’écoute de sa musique en forme de traversée expérimentale, entre chant occitan, violon, paysages sonores et synthèse palpable.

https://tytoalba.bandcamp.com/album/recontorns

Crédit Anne-Sophie Trebel